Les Figaro Beneteau 3 se sont ajoutés à la forêt de mâts du port de plaisance du Havre, cinquième ville étape du Tour Voile. Cette course épique de près de 230 milles a conduit les marins jusqu’aux côtes britanniques. Au cœur de la nuit de lundi à mardi, les équipages ont enroulé Fairway, avant de contourner l’île de Wight par le Sud, tirant ensuite des bords en Manche tout en négociant les bascules de courant.
Auray Quiberon by Orlabay arrive en tête, avec plus de 4 milles d’avance sur son poursuivant Dunkerque Voile, suivi à la troisième place par La Réunion.
À l’issue du cette Grande Course, Projet de l’Arche au Havre reste en tête, du classement général provisoire (avant jury), malgré sa 4ème place, avec 12 points d’avance sur Dunkerque Voile. Enfin, Auray Quiberon by Orlabay complète ce trio de tête.
Une étape iconique et tactique
Contourner l’île de Wight représentait un défi stratégique et technique majeur pour les marins, en raison des vents changeants et des obstacles naturels. Ses côtes pittoresques ajoutant une dimension unique à la course. Les équipages du Tour Voile ont donc tiré des bords au petit matin le long de ces rochers crayeux, affrontant un courant contraire de 5 nœuds sous une météo à l’anglaise.
« Nous avons eu pas mal de vent et de grains, explique Basile Bourgnon à bord d’Auray Quiberon by Orlabay. Je viens tout juste d’enlever mon col étanche. Une météo étonnante pour un mois de juillet. »
Dans la course au large, chaque instant est une leçon, chaque traversée un précieux exercice d’accumulation d’expérience. Les plus jeunes marins de la flotte viennent de boucler leur première transmanche, effleurant du bout des doigts ce que peut être une étape de La Solitaire du Figaro, en plus condensée. Auray Quiberon by Orlabay, en tête depuis la nuit dernière, a survolé le reste de la Grande Course Deauville-Le Havre.
« Aux Pierres-Noires, avec Pep (Costa), nous avons choisi une option différente des autres, poursuit Basile Bourgnon. Cet endroit, connu pour ses forts courants, ne pardonne pas les erreurs. Nous avons réussi notre pari, et la suite était un bord pour nous, hyper serré, rapide, nécessitant une certaine expérience du Figaro. Car à ce moment-là, le bateau devient hyper véloce. Il peut vite se prendre des croches pieds. Mais notre stratégie a parfaitement fonctionné. » L’équipage trinitain parvient à se relayer à bord, dans cette période de mer. « Nous arrivions à peine à ouvrir les yeux, mais nous tenions tout de même de bonnes moyennes, détaille-t-il. Ensuite, nous avons bien géré la course et la renverse du courant. Cela nous a permis de creuser l’écart avec le deuxième. »
Les deux dernières marches du podium se sont jouées à trois bateaux
Un dernier coude à coude a eu lieu entre Dunkerque Voile, La Réunion et Projet de l’Arche au Havre. Malgré une avarie de foil, les jeunes Nordistes, ont réussi à maintenir leur quête de performance.
« Il y a eu un peu de frustration lorsque le foil a cassé, raconte Arthur Meurisse, le skipper de Dunkerque Voile. Nous étions sous spi avec 25 nœuds de vent bien mousseux. Le bateau ne faisait qu’accélérer, et puis soudain, nous avons entendu un bruit. Avec les vagues, nous n’avons pas réalisé tout de suite ce qui s’était passé. En essayant de le ressortir, le bout est venu, mais le foil ne sortait pas. »
Un plan de bataille se met alors en place pour réparer et continuer cette longue remontée en faisant « cravacher » le bateau. Mais comme le veut la loi de Murphy, au moment de passer l’île de Wight, Arthur se blesse à la main en déroulant le gennaker. L’équipage parvient tout de même à transformer cette déception en niaque. « Nous arrivons progressivement à réduire la distance. Nous y avons cru jusqu’au bout. C’est une belle deuxième place qui fait du bien au moral. Nous nous sommes battus jusqu’au bout et nous arrivons à repasser devant nos concurrents. »
Ce quatuor de tête s’est donc livré à une âpre bataille, naviguant à vue par endroit. Quelques heures après leur départ de Deauville, le 8 juillet en début d’après-midi, le team réunionnais, sous spi avec une dizaine de nœuds de vent, jouait déjà aux avant-postes, en tête de flotte.
« Nous sommes bien partis sur la ligne et ensuite nous nous sommes bien échappés par devant, souligne Jules Delpech. Nous avons eu un bon contrôle en début de course. Par la suite, c’est devenu un peu sportif sur la remontée de l’Angleterre au portant, avec du vent fort et des rafales à 30 nœuds. C’était un peu chaud, Orlabay a fait un super boulot. Nous avons l’impression d’avoir bien bossé sur toute la course. C’est sympa cette petite bataille car ça remet du match sur la fin. »
Dans quelques heures à peine, les équipages du Tour Voile repartiront en baie de Seine pour s’affronter lors du Grand Prix du Havre.